L’histoire de la collection et du collectionneur est étroitement liée à celle des données algorithmiques et de l’intelligence artificielle. Celle-ci puise ses origines dans une volonté de constituer un patrimoine capable de témoigner d’une histoire, de l’Histoire. Dans cette similarité de processus, une question se pose : où réside la transmission de l’histoire de l’humanité et l’engagement de l’art ?
L’Histoire de l’art agit comme un reflet de la pensée humaine, dans sa créativité, dans son esprit critique et artistique selon les époques. Ces œuvres sont liées à la question de ce qui a existé et de ce qui constitue l’histoire humaine par le travail des artistes (matières, symboles et démarches). Quand l’Intelligence artificielle s’autonomise et crée du contenu en toutes choses de façon exponentielle, ne participe-t-elle pas à l’avènement d’un autre récit, celui d’une mémoire s’affranchissant pleinement de l’humanité ? Ne constitue-t-elle pas une collection se trouvant hors temporalité et hors spatialité de l’histoire humaine par cette fonction infinie, semblable aux « fake news» ? Sa rapidité et sa facilité de traitement ne vont-elles pas, à court terme, dépasser le patrimoine de l’humanité et semer le trouble dans la compréhension de l’archivage de notre histoire commune ?
Au même titre que les exemples célèbres des photographies retouchées par Staline à des fins de propagande, l’IA pose la question incontournable de l’engagement de l’art. Par un travail historique sur la figure du collectionneur et de la collection dans l’art, nous tenterons de comprendre où se trouve l’Art dans l’Intelligence Artificielle.